À l’instar des études qui comparent nouvelle-molécule-toute-belle-toute-neuve-toute-chère avec le traitement-de-référence-tout-vieux-tout-évalué-tout-bon-marché, aujourd’hui, ça me pète, j’ai une pensée pour ceux qui vont partir faire des balades à vélo pendant leurs vacances d’été, et j’ai bien mieux à leur proposer.
Je déclare solennellement n’avoir aucun conflit d’intérêt.
Ainsi donc, pour une balade estivale de quelques heures ou quelques jours, flanqués de marmots ou pas, certains choisissent le vélo. Si si. Et pas que ceux qui sont poursuivis par des caravanes alors qu’ils épurent leur sang des litres de produits dopants qu’ils ont consommé à l’insu de leur plein gré en gravissant les plus beaux cols de notre pays, en oubliant celui de l’utérus. Mais pourquoi pas à cheval ???? Banc d’essai.
– Le concept :
Alors que la bicyclette est une insulte en elle-même au concept de vacances puisque pédaler, c’est du sport ; le canasson vous offre la possibilité de faire la sieste tout en chevauchant.
– Le matériel :
Dans les deux cas, un truc sur la tête qui limite l’incidence neurochirurgicale en cas de chute est requis. Pour le vélo, prévoyez rustines et autres pompes, sans quoi vous aurez pas l’air idiots à 50 km du premier endroit où votre téléphone déchargé captera du Edge. Le canasson lui, ne requiert aucune pompe.
– L’intendance :
Le cheval a tendance à se nourrir (voir plus bas, paragraphe «mouvements spontanés») et même à s’abreuver. Une rivière ou une fontaine feront son bonheur. Idem pour l’herbe fraîche des prairies. Si vous êtes des grosses feignasses faux sportifs et que vos excursions sont entrecoupées de trajets en voiture, il me faut vous prévenir ici qu’il est relativement malaisé d’accrocher un cheval à un porte-vélo automobile. Par contre, le canasson broutera tranquillement sans s’enfuir dès lors que vous l’aurez attaché à un support fixe pendant vos haltes. Il faut reconnaître que le vélo ne mange que très peu en dehors de son habitat naturel, aussi il est possible qu’au cours d’une excursion de plusieurs semaines vous ne l’observiez jamais en train de le faire, et ce d’autant plus que sa timidité le contraint à attendre votre absence pour dévorer ses proies. Il n’a que faire des fontaines, rouille dans les rivières et se laisse charger tel un poids mort sur les porte-vélos de votre auto.
– Les mouvements spontanés :
Alors oui, c’est vrai, un cheval c’est vivant. Et donc ça bouge, ça penche la tête pour bouffer à intervalles réguliers et dont le rapprochement est proportionnel au sentiment qu’il a de pouvoir vous mener en bateau. Un vélo, non. Mais n’y voyez pas une supériorité du vélo sur l’animal, bien au contraire. D’une part, considérez un dénivelé positif épouvantable. Croyez-vous que le vélo va vous mener au sommet gentiment et qu’il vous suffira de le gratifier de quelques caresses une fois arrivés ? Que nenni. Le vélo est un feignant, vous oblige à pédaler et parfois même à le porter. Le cheval ne vous demandera jamais de le porter. D’autre part, si un danger s’approche, pensez-vous que le vélo aura spontanément un réflexe salvateur d’éloignement de sa petite personne et de vous tant qu’à y être ? Nan. Le vélo est stupide et sourd, ne prenant pas la fuite en cas d’explosion. De même, le vélo n’a que faire de se ramasser dans un précipice, fut-ce avec vous dessus. Alors que le cheval ne vous voue pas forcément la plus grande des considérations mais rechignera malgré tout à tomber dans le précipice sus-cité, vous sauvant également d’une telle dégringolade.
– L’endossement :
Vous puez la sueur à la fin de la journée ? Tout le monde s’attendrit nasalement à l’odeur du crottin. La sueur humaine du cycliste, non. Si vous êtes à la traîne du groupe d’amis, vous pourrez toujours arguer que cela incombe à la paresse de votre équidé. Cette stratégie ne fonctionne pas avec les bicyclettes. Et si vous ne souhaitez pas discuter avec vos coreligionnaires, parlez avec votre monture qui ne vous contredira pas. Avec un vélo c’est beaucoup plus risqué.
– L’interaction :
Puisque nous en sommes à évoquer l’échange verbal et non verbal avec ce qu’il y a en dessous de vos fesses, le canasson vous permet de communier avec la nature et vous qui aviez peur des chevaux quelques heures plus tôt vous apercevrez qu’une véritable relation s’instaure entre l’animal et vous. Un frôlement de son encolure avec vos rênes lui indiquera de rentrer un peu plus le flanc afin de vous éviter de vous manger une branche, et la fois suivante il saura prendre cette précaution sans même que vous lui ayez demandé. Sachez-le, votre vélo vous emmerde profondément et se fera un malin plaisir de vous faire vous ramasser toutes les branches qui dépassent de la création ; de plus il restera froid à toutes vos paroles et autres caresses de remerciement. Les vocalisations des deux types de montures à l’intention de leurs congénères sont aussi très différentes : le cheval hennit, le vélo crisse.
– Les chiens :
Si des canidés viennent à vous poursuivre en aboyant, à vélo vous vous ferez mordre. Pas à cheval. Déjà, c’est trop haut ; ensuite, l’impaction de sabot dans la dentition du chien-chiant est très efficace. Attention ne tentez pas la même stratégie si vous êtes confrontés à un contrôle d’identité.
– Les obstacles techniques :
Nous avons déjà évoqué plus haut la question des rivières. Perso j’ai jamais vu un vélo galoper dans un cours d’eau. Enfin jamais avec un humain vivant encore dessus. Alors qu’on accuse injustement les chevaux qui s’entraînent parfois au lancer de cavalier en tout bien tout honneur, les bicyclettes ont une tendance spontanée à se prendre pour des catapultes dès lors qu’une de leurs roues est bloquée. Ornières, troncs d’arbres en travers du chemin, caillou mal placé : tout est bon pour que le vélo vous envoie valdinguer alors que le cheval, lui, n’aurait eu qu’à enjamber.
– La complexité du boitier de vitesses :
Un cheval, ça peut marcher / trotter / galoper / s’arrêter à la demande, en montée comme en descente, mais ça arrive très bien à choisir l’allure appropriée tout seul. On ne peut pas en dire autant des VTT pour lesquels faut quasiment avoir fait polytechnique avant de trouver le réglage adapté. Or c’est les vacances, non ? On est pas là pour se compliquer la vie.
– Les conséquences thermiques :
Ni le cheval ni le vélo n’émettent d’autre CO2 que celui que vous et l’animal expirez. Quoi qu’à la fabrication, la bicyclette doit bien polluer un peu plus que l’étalon contant fleurette à la jument. Certains reprocheront au cheval de tenir chaud entre les cuisses alors que d’autres s’en réjouiront. Je répondrai aux inconfortables du fessier échauffé qu’à ma connaissance le vélo n’a jamais été un système de climatisation en extérieur efficace.
– L’autonomie du cavalier :
Grâce à la motricité spontanée du cheval, vous pouvez tout en chevauchant manger / boire / dormir / téléphoner / consulter vos emails / vous gratter le nez ou tout autre partie de votre anatomie / regarder le paysage pendant plusieurs secondes d’affilée. Les derniers à avoir tenté une ou plusieurs de ces activités sur un chemin de montagne en vélo en gardent le souvenir bétadiné du service d’urgences le plus proche.
Moralité : Cheval 1 – Vélo 0.
CQFD.
Voilà, c’est exactement ça! (et puis le vélo ça donne des hémorroïdes d’abord) (et puis on est plus sexy à cheval qu’à vélo) (et puis t’as déjà vu un prince arriver sur son vélo blanc toi?)
Bien d’accord, à un détail près : le cheval peut avoir besoin d’un maréchal en plein milieu de la rando et çà c’est pas pratique non plus!
comme on regarde ses chaussures avant de partir, et qu’on les fait ressemeler, il est louable de montrer son cheval au maréchal avant le départ… et pieds nus + boots ça va bien mieux !!!
Je suis très heureuse que vous passiez de bonnes vacances. Moi je reste sur la terre ferme.
Là, tu prêches une convaincue.
Le cheval a un tout petit défaut: à l’arrivée, il impose de passer en premier pour la pause douche, bibine, grignottis, alors que le vélo laisse son patron se précipiter vers une bière pression sans broncher.
Même avec ses état d’âme et ses angoisses devant ces curieux touriste enthousiastes qui choisissent de klaxonner ou faire des appels de phares à son passage parce qu’il est bucolique, on lui pardonne beaucoup de choses, au cheval…
Ouais enfin klaxonner quand on voit un cheval, faut être un peu con quand même… 😦
y en a qui le font…
Ta prose me manquait , en fait j’ai compris , tu rongeais ton frein…bientôt les vacances , laisse galoper ton imagination , et raconte-nous ce qui te trotte dans la tête . Hue !
Mais arrête, je t’aime d’amour en vrai ! Et tu sais, quoi, mon mari, lui il fait du vélo, et moi du canasson. C’est pas beautiful ça ?